Dragon Quest IV
  Final Fantasy IV

FFIVDS

L’histoire commence en 1986. Amateur de jeux de rôle américains, Yuji Horii donne naissance, avec l’auteur de mangas Akira Toriyama (Dragon Ball) et le compositeur Koichi Sugiyama, au titre qui popularisera le genre au Japon : Dragon Quest. Un an plus tard, l’exemple est suivi par Hironobu Sakaguchi, le dessinateur Yoshitaka Amano et le musicien Nobuo Uematsu. Leur création a pour nom Final Fantasy. Devenus des séries au longs cours et réunis sous une bannière unique depuis la fusion en 2003 de leurs éditeurs respectifs, Square et Enix, les deux jeux se partagent depuis l’affection des amateurs de RPG (Role Playing Game) nippons. Pour cause de sorties erratiques et de retitrages trompeurs, l’Occident a tardé à prendre la mesure des deux sagas, mais les choses se sont bien améliorées. En attendant les prochains Final Fantasy XIII (sur PS3 et Xbox 360 en 2009) et Dragon Quest IX (prévu sur DS au Japon pour Noël), l’actualité invite à rattraper le temps perdu.

Désormais recréé en 3D, Final Fantasy IV n’avait jamais été aussi joli. L’an dernier, FF III était sorti bancal du même traitement, son nouveau look tendant à souligner, par contraste, tout ce qu’il pouvait avoir de daté. Rien de tel avec FF IV qui, en 1991, fut l’épisode de toutes les audaces ludiques et, surtout, narratives, lesquelles se déploient idéalement dans ce remake amélioré qui a tout pour en devenir la version définitive. Seul le fait qu’il nous arrive deux ans seulement après une précédente réédition pour GBA peut tempérer l’enthousiasme.

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Avec Dragon Quest : L’Épopée des élus, en revanche, pas de demi-mesure car, bien que conçu en 1990, le quatrième épisode de la saga de Yuji Horii dont il est une adaptation n’était jamais sorti en Europe – comme c’est d’ailleurs encore le cas de tous les autres à l’exception du huitième et dernier en date. Sa découverte vient de plus largement contredire la réputation de conservatisme de Dragon Quest. Les combats, leitmotives tactico-compulsifs de tout RPG, sont certes d’un grand classicisme, mais la manière doucement enchanteresse avec laquelle le jeu nous fait voyager à travers son monde médiéval-fantastique riche en détails vibrants laisse pantois. C’est un titre qui prend son temps et nous incite à faire de même, ne craignant pas de s’ouvrir sur quatre chapitres mettant en scène des personnages différents, qui se croiseront et s’uniront au fil de l’aventure. S’il est plus ou moins question, comme de coutume, de sauver la planète, L’Épopée des élus n’oublie pas les activités plus terre-à-terre : ouvrir un magasin, rechercher un disparu, tenter sa chance au casino… Ce qui n’est pas pour rien dans l’impression de consistance que procure son univers aux micro-fictions manga sans cesse renouvelées. Pas de doute : nous voilà face à un chef-d’œuvre du genre. Et si le plus beau jeu vidéo de 2008 datait en réalité d’il y a 18 ans ?

(Paru dans Les Inrockuptibles n°671, 7 octobre 2008)

Final Fantasy IV (Square Enix), sur DS

Dragon Quest IV : L’Epopée des élus (Square Enix), sur DS

 

Erwan Higuinen

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