Rayman Legends

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Divine surprise : paru il y a deux ans, le déjà copieux Rayman Origins n’était en réalité qu’un avant-goût du festin qui allait suivre. Avec Rayman Legends, le surdoué Michel Ancel (Beyond Good & Evil, King Kong) et ses complices d’Ubisoft Montpellier surpassent tout ce que l’on croyait pouvoir attendre en 2013 d’un jeu de plateforme 2D. Et, ce faisant, laissent les confrères loin derrière : à côté du vibrionnant Rayman, même ce cher Mario prend un coup de vieux. Le diptyque Origins – Legends peut d’ailleurs se voir comme la déclaration d’indépendance d’Ancel vis-à-vis du modèle Nintendo et de son game designer star Shigeru Miyamoto. En 1995, le premier Rayman était une réponse à Super Mario World. Quatre ans plus tard, Rayman 2 osait la 3D dans le sillage de Mario 64. Aujourd’hui, l’élève semble bien avoir dépassé le maître.

Feu d’artifice ludico-plastique riche de 120 niveaux (auxquels s’ajoutent des mini-jeux ainsi que de stimulants défis en ligne hebdomadaires ou quotidiens), Rayman Origins est de ces titres qui ne prennent ni leur récit au sérieux, ni leur gameplay à la légère. Mariant avec une intelligence rare rigueur et fantaisie, il part dans tous les sens sans jamais perdre de vue l’essentiel. On y trouvera des sauts d’une plateforme à une autre, bien sûr, mais aussi des poursuites, des sprints chronométrés, des énigmes architecturales, des défis rythmiques et musicaux, des affrontements dantesques, du shoot’em up aérien, de la nage sous-marine… Notre personnage se transforme, rétrécit et soudain, mon dieu, un niveau libéré est à nouveau envahi par des créatures aussi rigolotes que malfaisantes. Et l’on ne parle pas des phases réjouissantes de la version Wii U dans lesquelles le joueur doit intervenir sur l’écran tactile de la manette, dans l’esprit du jeu mobile Rayman Jungle Run, pour dégager la voie au personnage qui, momentanément, avance de lui-même.

Michel Ancel ne repousse pas vraiment les frontières du genre. Il ne les prend pas non plus exactement de haut : pour lui, tout porte à croire qu’elles n’existent tout simplement pas. A quoi bon se laisser enfermer, d’ailleurs ? La base du jeu de plateforme consiste, au fond, à s’élancer au-dessus du vide même si l’on ne sait pas bien où l’on va retomber, en rêvant peut-être de s’envoler, d’atterrir changé ou dans un lieu merveilleux. Pourquoi, alors, ne pas faire carrément de ce geste aventureux un principe de création. Tout tenter, tout oser, ne rien s’interdire. Et partager ensuite généreusement les fruits délicieux ainsi récoltés. On l’en remercie chaleureusement.

(Paru dans Les Inrockuptibles n°930, 25 septembre 2013)

Rayman Legends (Ubisoft), sur Wii U, PS3, PS4, Vita, Xbox 360, Xbox One et PC

Erwan Higuinen

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