Bastion

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Chaque été depuis 2008, le service de téléchargement de la Xbox 360 profite de la raréfaction saisonnière des sorties de jeux en boîte pour lancer en quelques semaines certains des titres dématérialisés les plus attendus de l’année. La star du Summer of Arcade 2010 avait pour nom Limbo, ahurissante aventure poético-morbide en noir et blanc. Cet été, le feu d’artifice s’est ouvert avec Bastion qui, ô surprise, est à peu près au jeu de rôles ce que Limbo était au genre plateforme.

Ici aussi, autour d’un gameplay relativement classique, ce sont les partis pris esthétiques qui étonnent, lesquels ont valu à cette première création du studio californien Supergiant Games deux nominations au dernier Independent Games Festival. Tout en 2D isométrique, le lumineux Bastion paraît dessiné à la main. Ses couleurs éclatantes tranchent avec les donjons obscurs qui ont fait la réputation du RPG (Role Playing Game) occidental, du moins dans sa variante « action », de Diablo à Torchlight. Car Bastion appartient à cette famille de jeux de rôles dont les combats, plus dynamiques que stratégiques (même s’il faut savoir esquiver et choisir l’arme idoine), n’interrompent pas les phases d’exploration.

Mais, plus encore que sa plastique, c’est la bande son de Bastion qui serre le petit cœur du joueur. Il y ses accords de guitare, mais aussi – pour ne pas dire surtout – une voix off unique. Elle appartient à un vieil homme que notre jeune héros rencontre au début du jeu. Mais elle est là avant lui, qui nous guide, nous explique des choses, mais aussi commente notre parcours en s’adaptant à celui-ci. Et égrène en passant les noms de ceux qui ont succombé à la mystérieuse catastrophe connue sous le nom de « la Calamité » : les Lawson, Grady Senior, Grady Junior… La fonction de cette voix est double : impliquer plus profondément le joueur et faire progresser le récit sans trop en avoir l’air. Sur les deux plans, la réussite est éclatante.

Alors on part explorer les îlots suspendus qui composent ce monde dévasté. On affronte des monstres, on améliore son équipement. Et on construit des bâtiments, on recueille des survivants. Mais pourquoi le sol, jusque là invisible, apparaît-il soudain devant nous ? Et que s’est-il vraiment passé ? Tendons l’oreille, le jeu nous parle encore. L’arrivée de Bastion restera bien comme l’une des meilleures nouvelles vidéoludiques de cet été.

(Paru dans Les Inrockuptibles n°821, 24 août 2011)

Bastion (Supergiant), sur 3DS

Erwan Higuinen

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