Assassin’s Creed III

AC3

Cette fois, c’est vraiment le chapitre trois. Après avoir joué les prolongations deux années durant en compagnie d’Ezio Auditore, le héros de son deuxième épisode, à coups de suites directes un rien redondantes, Assassin’s Creed change d’époque, de décor et de personnage principal. Adieu, Terre Sainte grouillant de croisés et flamboyante Italie renaissante. Place à la guerre d’indépendance américaine au cœur de laquelle se débat Connor, métis anglo-mohawk qui est notre nouvel alter-ego. Et aussi, donc, celui de la tête à claques Desmond Miles dans le scénario SF global qui, d’un jeu à l’autre, justifie les déplacement spatio-temporels de la luxueuse série néo-yamakasi. Pour ledit Miles, c’est à nouveau une affaire de voyage dans le passé via l’ADN et par ancêtres interposés pour aller mettre son grain de sel dans l’affrontement éternel entre les Templier (alias les méchants) et la secte des Assassins (notre chouette posse à nous).

Autant ne pas prendre de gant : ce récit surplombant flirte de plus en plus avec la série Z même pas drôle. La bonne nouvelle est qu’à l’inverse, l’histoire de Connor, celle qui occupe vraiment le joueur, frappe par sa densité romanesque et son entrain feuilletonnant sans négliger pour autant les petits détails qui, parfois, changent tout. Le bruit de nos pas pressés dans les bois enneigés. Le brouillard qui tombe sur les faubourgs poussiéreux de Boston en ce XVIIIe siècle finissant. Ou le roulement de tambour d’une patrouille de garde au coin de la rue – attention, la partie de cache-cache va reprendre.

Dans ce somptueux décor pré-western (là où, en 2010, Red Dead Redemption optait pour le post-western) file notre alter-ego encapuchonné, silhouette vaguement anachronique incrustée dans la forêt. Rien de moins naturel que ces arbres aménagés dont les branches nous font de l’œil. Cet irréalisme est sans doute le prix à payer pour voir Assassin’s Creed changer – moins de ville, davantage d’horizontalité – sans se renier ni rompre avec le fantasme du jeu total. Au menu : exploration, gestion, plateforme, combat, tir à l’arc, nautisme, chasse et jeux de société avec une leçon d’histoire en passager ludique clandestin. C’est un contrat passé avec le joueur : fais comme si, ignore artifices et approximations, choisis d’y croire et tu seras largement récompensé par cette ample et baroque proposition de scoutisme racaille pro-Indiens.

(Paru dans Les Inrockuptibles n°885, 14 novembre 2012)

Assassin’s Creed III (Ubisoft), sur PS3, Xbox 360, Wii U et PC

Erwan Higuinen

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