JLG / JLG

JLG

Si l’on se fie à son générique, JLG/JLG serait un Autoportrait de décembre commandé par « les successeurs de Léon Gaumont » à Jean-Luc Godard, un film dont il est à la fois l’auteur et le sujet. Pourtant, difficile d’évacuer le sentiment qu’il n’est ici précisément ni l’un ni l’autre, du moins au sens courant des deux termes. Filmeur filmé à domicile, au bord du lac de Genève, au milieu des livres ou de paysages picturalement vibrants, promeneur en bonnet à pompon ou accorte tennisman ravi d’être passé, rallumant son cigare face à un écran-miroir, monologuant au bénéfice de sa femme de ménage ou d’un duo suspicieux de « contrôleurs du Centre du Cinéma », Godard est toujours là, comme corps, comme voix.

Mais JLG/JLG est surtout un autoportrait de Godard en tant que cinéaste, homme-cinéma, medium au travail, puissance intermédiaire, réceptrice (des plans ou phrases de Renoir, Wittgenstein, Dostoïevski, Cocteau…), réorganisatrice (le montage, son beau souci) et finalement émettrice, réfléchissante à plus d’un titre. JLG/JLG est comme un chapitre décadré, recentré des Histoire(s) du cinéma, leur pré- ou postface lugubre et tortueusement drôle, composée, entre automne et hiver, par notre ami « Jeannot ».

(Paru dans Les Inrockuptibles, hors-série Godard, mai 2006)

JLG / JLG (1994) de Jean-Luc Godard

Erwan Higuinen

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