Ne pas se fier aux apparences : si les rayons des boutiques spécialisées regorgent de jeux estampillés Mario (Kart, Tennis, Golf, Corde à sauter, ah non, pas Corde à sauter), la sortie du bien nommé New Super Mario Bros est un événement. Car pour trouver un épisode 2D inédit de la saga du plombier Nintendo, il faut remonter jusqu’à l’année 1992 et à Super Mario Land 2, voire, pour un jeu aussi ambitieux, jusqu’à Super Mario World (1991). Le titre est une très explicite profession de foi : le primordial Super Mario Bros (1986) revient, et tout est pourtant neuf. Le classicisme (courir, sauter, courir, sauter) est remis au goût du jour (avec, notamment, quelques mouvements issus des aventures 3D du moustachu en salopette) pour séduire à la fois les vieux gamers (qui reconnaîtront le tempo du premier SMB, la carte inspirée de l’épisode 3, etc.), les adulescents (explicitement visés par l’habile pub TV) séduits par l’impeccable plastique ipodesque de la nouvelle DS lite et prêts à se souvenir que le jeu vidéo existe et, éventuellement, les djeunz disposés à décrocher de Burnout et GTA.
Homme sans qualité (mais pourvu d’une fonction claire), surface presque immaculée, Mario est le Charlot du jeu vidéo. Qu’a-t-il encore à nous dire alors que le medium célèbre ses James Bond et ses barbares Conan ? Beaucoup de choses, évidemment, et d’abord ceci : le style (du game designer comme du joueur) est premier. La vie est un parcours d’obstacle que l’inconscient peuple de monstres colorés venus de l’enfance et, donc, à jamais dangereux. Vite, on va défier le vide et se rire de tous les dangers qui voudraient nous rétrécir. Fidèle à ses intentions annoncées, le nouveau Mario est comme les précédents : essentiel.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°560, 22 août 2006)
New Super Mario Bros (Nintendo), sur DS
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