Gatchaman (La Bataille des planètes)

Gatchaman

Les téléspectateurs occidentaux connaissent moins bien Gatchaman qu’ils ne pourraient le supposer s’ils ont pu suivre, à la fin des années 1970, les aventures épiques de La Bataille des planètes. En dehors du Japon, c’est en effet dans une version sérieusement remaniée que cette série pionnière a été diffusée six ans après sa création. Remontés aux Etats-Unis, les 105 épisodes ont été compressés pour n’en laisser que 85 alors qu’un petit robot aux faux airs de R2-D2 venait s’ajouter aux héros dans le but à peine dissimulé de surfer sur le triomphe du premier film Star Wars. Surtout, les séquences jugées les plus choquantes, morts de personnages ou villes en flammes, ont été coupées afin d’épargner la sensibilité du public occidental visé, a priori plus jeune que celui de Gatchaman.

Si les intrigues ont été globalement conservées, la série a néanmoins perdu en route un peu de la noirceur qu’elle avait héritée des films de monstres tournés à partir des années 1950 dans le sillage de Godzilla avec toujours un peu à l’esprit le souvenir d’Hiroshima et de Nagasaki. Car ce que rejoue inlassablement Gatchaman, c’est encore cette catastrophe originelle du Japon moderne, remise en scène ici via les attaques répétées de divers robots et créatures sans pitié.

Ce qui, en revanche, ne change pas d’une version à l’autre, c’est la réponse triomphale à ces agressions. Cinq jeunes gens aux surnoms d’oiseaux, d’autant plus efficaces qu’ils unissent leurs forces, surgissent inévitablement pour éviter le pire. Avec son escadron de combattants aux tenues colorés, Gatchaman apparaît sans conteste comme l’ancêtre de toutes les séries Super Sentai (Bioman, Maskman…). Par son mélange d’entrain juvénile et de pauses explicatives pompeuses, mi-kitsch mi-funèbre, la série peut aujourd’hui surprendre. Mais c’est avant tout parce qu’au Japon, entre deux ères, elle tient de l’éclatante œuvre charnière.

(Paru dans Manga Impact, Editions Phaidon, 2010)

Erwan Higuinen

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