Captain Toad : Treasure Tracker

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Les champignons blancs ne savent pas sauter. Ils peuvent marcher, tourner des manivelles pour faire pivoter des plateformes, éventuellement se laisser tomber comme des brutes sur la tête d’un Frère Marto ou d’un Maskass distrait, mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Et, contre toute attente ou presque, ça ne pose pas de problème, ne génère aucune frustration – bien au contraire – dans Captain Toad : Treasure Tracker, spin-off de Super Mario 3D World dont il reprend (en l’étirant dans tous les sens) le principe des niveaux bonus. Aux commandes d’un Toad promu tête affiche pour la toute première fois de sa carrière ludique, le but est d’explorer de fond en comble des niveaux représentés en 3D isométrique à la recherche de divers trésors et, surtout, de l’étoile scintillante qui y est (plus ou moins) cachée. Pour ce faire, il faudra se montrer observateur, bien planifier ses trajets et modifier sans cesse la perspective en déplaçant le GamePad ou, plus simplement, au moyen du stick analogique.

Et, donc, tout ça sans faire le moindre bond. Contrairement à Mario – alias l’homme qui saute, c’est même ainsi qu’on le (re)connaît –, Toad se définit par une incapacité, par ce qu’il ne sait pas faire. Treasure Tracker en devient une sorte d’exercice oulipien et une nouvelle preuve que, oui, dans certaines conditions, une contrainte (pas de saut) peut stimuler l’imagination. Il y a quelque chose de fascinant à revisiter, non seulement l’univers de Mario (ses lieux emblématiques, ses antagonistes historiques…), mais, aussi, sa grammaire ludique sans sa composante numéro un. De fascinant et, étrangement, de libérateur, car l’imagination du joueur est aussi comme dopée par cette soustraction. Adieu, vieux réflexes et tristes automatismes : il faut apprendre à voir les choses autrement, dans les niveaux conçus pour Toad (qui se compliquent gentiment à partir de l’épisode 3) comme dans ceux repris de Super Mario 3D World que l’on parcourt à la place du plombier. Par ailleurs, toute cette affaire se révèle d’une kawaiierie irrésistible et, ce qui ne gâche rien, quasi féministe puisque Toadette succède à Toad en cours d’aventure pour partir à son tour secourir le damoiseau en détresse. Les champignons blancs ne manquent décidément pas de ressources.

(Paru dans Games n°7, février 2015)

Captain Toad : Treasure Tracker (Nintendo), sur Wii U

Erwan Higuinen

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