Attendu en Europe pour l’an prochain, Tatsunoko vs Capcom fut, au début du mois, l’un des jeux stars de la Japan Expo parisienne. Rien d’étonnant pour un titre qui réunit deux branches majeures de la culture pop nippone, le jeu vidéo et le dessin animé, en faisant s’affronter les héros de Capcom (Ryu, Chun-Li…) et ceux du studio Tatsunoko, dont les petits téléspectateurs des années 70-80 suivaient fidèlement La Bataille des Planètes. Producteur du jeu, Ryota Niitsuma était à Paris pour l’occasion.
Comment est né le projet Tatsunoko vs Capcom ?
Le studio Tatsunoko est venu nous voir avec l’idée de faire un jeu. Après avoir beaucoup discuté, nous sommes tombés d’accord sur le concept d’un jeu de combat sur le même principe que Marvel vs Capcom. Puis nous nous sommes mis au travail et j’ai beaucoup apprécié de redonner vie aux héros de mon enfance…
Le public occidental, de son côté, connaît peu les personnages Tatsunoko.
Je pense que le jeu est suffisamment intéressant en lui-même. C’est ce qu’on appelle un « character game », un jeu basé sur les personnages. Cela va sans doute produire l’effet inverse de Marvel vs Capcom : les joueurs vont d’abord les découvrir avant de se renseigner sur leur univers. Mais c’était déjà un peu le cas avec les jeux de baston traditionnels, dont on ne connaissait pas les personnages avant de jouer.
Où en est le genre, aujourd’hui, au Japon ?
C’est devenu un marché de niche, mais il y a toujours de la ferveur, ses adeptes sont des passionnés. Et l’on sent une pression monter quand la sortie d’un jeu approche. Mais on différencie vraiment les jeux de combat en 2D de ceux en 3D, qui sont perçus comme des genres différent. Là, on a opté pour une version en simili-3D qui permet de retrouver un peu l’esprit des jeux d’autrefois. Et le choix a été fait de rendre le jeu paradoxalement réaliste, d’ajouter aux personnages un trait, une sorte de cachet presque réel.
Tatsunoko vs Capcom a la réputation d’être plus simple à jouer que la plupart des jeux de combat récents.
C’est tout à fait volontaire. Les anciens jeux demandaient beaucoup d’entraînement : à force, on devenait bon, et c’est de là que naissait la satisfaction. Ce principe est apparu avec Street Fighter. Mais on a décidé de viser un autre plaisir : celui de parvenir assez facilement à sortir des super coups, à réussir des beaux gestes, en constatant que, finalement, ce n’était pas si compliqué que ça.
Si les séries télévisées ont marqué votre enfance, est-ce que ce rôle n’est pas aujourd’hui davantage tenu par les jeux vidéo ?
C’est vrai que les personnages Capcom ont peut-être un peu remplacé ceux de Tatsunoko chez les enfants. Mais le sous-titre de la version japonaise du jeu est « Cross Generation of Heroes » et tout repose sur cette idée d’associer des personnages jeunes et vieux et de faire qu’ils aient tous l’air cool. C’est ce croisement générationnel qui me tenait à cœur.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°712, 21 juillet 2009)
Tatsunoko vs Capcom (Capcom), sur Wii