Lost Odyssey
  Final Fantasy XII : Revenant Wings

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On n’en a jamais fini avec Final Fantasy. Alors que la saga star du jeu de rôle nippon a fêté ses 20 ans en 2007 et que son épisode XIII devrait paraître (au moins au Japon) d’ici peu, le hasard des sorties fait se rencontrer deux titres qui lui doivent à peu près tout. Pour Final Fantasy XII : Revenant Wings, pas de mystère, la filiation est affichée. Mais si ce jeu pensé pour la Nintendo DS (affichage sur deux écrans, maniabilité au stylet) s’inscrit dans le prolongement du monumental FF XII, il en est moins une suite qu’un épisode dérivé en reprenant personnages, univers et musiques et occupant le terrain entre deux « vrais » Final Fantasy.

Revenant Wings n’est d’ailleurs même pas tout à fait un jeu de rôle. Confiant au joueur le contrôle d’un petit groupe lancé dans une série de (brèves) missions de combat, il s’apparente davantage à un jeu de stratégie, genre typiquement PC dont il est une relecture pastel et juvénile. L’épopée devient feuilleton rieur, la fresque majestueuse se mue en miniature mignonne, et même les bouffées de confusion (lorsque notre gang de petits guerriers à diriger individuellement se change en foule indistincte) ne suffisent pas à entamer le charme du jeu. Qui ne prolonge certes pas vraiment l’aventure de FF XII, mais en réveille astucieusement le souvenir dans l’esprit du joueur.

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Une affaire de mémoire est aussi au cœur de Lost Odyssey, dont le héros est un immortel amnésique, un homme qui a vécu 1 000 ans, et qui a tout oublié, et qui va se souvenir. Deuxième RPG (après Blue Dragon) conçu depuis son départ de Square par le père de Final Fantasy, Hironobu Sakaguchi, Lost Odyssey poursuit une certaine idée du jeu total. Mais, créé avec quelques grandes figures de la culture pop japonaise, du mangaka Takehiko Inoue au musicien Nobuo Uematsu, il frappe d’abord par son manque d’unité esthétique. La supposée œuvre-somme tient plutôt du jeu en morceaux, entre les thèmes explorés, les cinématiques bancales (ô split-screen, que de crimes commis en ton nom !), le gameplay académique (avec combats aléatoires et pics de difficulté) et le character design. Ce patchwork abrite pourtant un trésor : les souvenirs que retrouve le héros, mini-récits du romancier Kiyoshi Shigematsu s’affichant à même l’écran, qui sont de très loin ce que Lost Odyssey offre de plus fort. Le paradoxe est piquant : apôtre du mariage entre jeu vidéo et cinéma, Sakaguchi est ici surtout l’artisan d’une jolie réussite littéraire.

(Paru dans Les Inrockuptibles n°642, 18 mars 2008)

Final Fantasy XII : Revenant Wings (Square Enix), sur DS

Lost Odyssey (Mistwalker / Microsoft), sur Xbox 360

Erwan Higuinen

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