LongStory

LongStory

Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre un visual novel queer canadien. LongStory est non seulement ce cocktail inattendu mais, aussi, une belle tentative d’ouvrir une nouvelle voie au jeu mobile.

Oubliez les guerres futuristes et les invasions de zombies. La grande aventure, la vraie, est arrivée : dans LongStory, c’est la rentrée au lycée. Et ça ne se passe pas tout seul. Il faut dire que vous revenez d’une année à l’étranger, qu’un trio de filles populaires vous a dans le nez et que vous ne communiquez que par Internet avec votre meilleure amie qui vit loin d’ici. Heureusement, vous faites des rencontres. Deux gars, une fille et une personne vêtue d’un costume de dinde. En parlant avec eux, vous prenez des décisions qui influeront sur la suite, y compris sur votre vie amoureuse car LongStory est présenté comme une « dating sim ». Mais, ça, ce sera pour le deuxième épisode, attendu en août, de cette fiction interactive qui devrait en compter six à huit, le premier tenant lieu d’introduction à l’univers et au système de jeu.

Si la réalisation, entre visual novel japonais (mais avec de vrais choix) et jeu d’aventure occidental (en plus décontracté), esthétique manga et BD ligne claire, sort de l’ordinaire, ce n’est rien à côté de l’idée de départ de la petite équipe canadienne menée par Miriam Verburg chez Bloom Digital : « Nous voulions créer quelque chose qui soit fun à jouer mais qui permettent aussi aux joueurs de se sentir mieux équipés face aux problèmes émotionnels qu’ils rencontrent dans leur vie de tous les jours. » A commencer par les adolescents à qui LongStory, voulu « authentique et chaleureux », se destine d’abord – mais pas seulement.

Comme une série télé

Long Story ne vaut cependant pas que pour ses bonnes intentions et son orientation « queer positive » revendiquée – « Nous pensons que, d’ici 10 ans maximum, on ne fera plus toute une histoire du fait que les gens soient gays ou hétéros et notre jeu anticipe ça », explique la productrice. Au fil de son premier épisode, le récit installe en douceur la sensation qu’il y a ici quelque chose d’étrange, du pas très clair sous les couleurs vives. En guise d’influences, Miriam Verburg cite d’ailleurs des films comme Heathers (Michael Lehmann, 1989) ou Beetlejuice (Tim Burton, 1988) dans lesquels « les personnages sont des gens de tous les jours mais où des choses bizarres se produisent comme si c’était normal. » Le but : « repousser les limites au lieu de rester coincé dans la boîte du drame teen typique. »

Les modèles de cette œuvre hybride sont d’ailleurs moins ludiques que cinématographiques, télévisuels ou littéraires. « J’aime les jeux mais je voulais que Long Story se rapproche d’une série que vous ne pouvez pas vous arrêter de regarder, mais en prenant part à l’histoire », explique Miriam Verburg. Qui accorde une attention toute particulière aux versions iOS et Android du jeu. « L’espace du jeu mobile a été dominé par les jeux d’arcade et les puzzles, estime-t-elle. Si nous parvenons à créer une nouvelle place pour des visual novels que vous pouvez emporter dans le métro pour les jouer de la même manière que vous prendriez un livre pour aller travailler, je pense que nous aurons réussi quelque chose de vraiment bien. »

(Paru dans Games n°4, juillet 2014)

Long Story (Bloom Digital), sur iOS et Android. (Versions Mac et PC indisponibles actuellement)

 

Erwan Higuinen

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