Pour le public occidental, Go Nagai est d’abord le père de Goldorak (alias Grendizer), Mazinger Z et Great Mazinger, lignée de robots géants dont les aventures animées ont largement contribué à populariser la culture manga en dehors du Japon dans les années 70. L’œuvre du dessinateur et scénariste né en 1945 est pourtant loin de se cantonner à ses conflits futuristes entre mechas bariolés, couvrant au contraire un large éventail de styles et de genres. Il est cependant un point qui rapproche nombre de ses créations les plus fameuses : une volonté affichée de s’affranchir des normes en vigueur, quitte à choquer une partie de ses lecteurs ou spectateurs.
Avant même la naissance des violents Mazinger et Goldorak, Go Nagai est ainsi un pionnier du manga érotique dès la fin des années 1960 avec la comédie scolaire Harenchi Gakuen, à laquelle le magazine Shonen Jump, lancé en 1968, doit une part non négligeable de son succès. Et qui ouvre la voie à bien des auteurs à l’inspiration encore plus transgressive.
Nagai profite de sa toute fraîche popularité (et des commandes qui l’accompagnent) pour fonder Dynamic Productions, puis Dynamic Planning en 1974, et se retrouve à la tête de son propre studio d’animation. Assisté de collaborateurs talentueux dont les plus reconnus sont sans doute Ken Ishikawa et Gosaku Ota, Nagai conçoit d’année en année de très nombreuses bande dessinées, souvent adaptées à l’écran sans tarder. Il y a Devilman (décliné plus tard en Devil Lady) avec son héros mi-homme mi-démon, Cutie Honey et sa jeune aventurière dotée de pouvoirs surhumains, le très gore Violence Jack, mais aussi Susannah Oh, Getter Robot ou Dynamic Heroes. En désormais plus de 40 ans de carrière, Go Nagai a marqué à jamais de son empreinte controversée mais indélébile le monde du manga et de l’animation nippone.
(Paru dans Manga Impact, Editions Phaidon, 2010)