Dissidia : Final Fantasy

Dissidia

C’est un événement : le Final Fantasy nouveau est arrivé. Sauf que, surprise, il ne s’agit pas de l’un de ces jeux de rôle épiques et fastueux qui ont fait la renommée de la saga nippone, mais d’un spécimen d’un tout autre genre : le combat. Et pas sa variante cérébrale et stratégique, non, le vrai, énergique et musclé, façon Street Fighter ou Soul Calibur. De valse des marques en déclinaison des concepts, il y a décidément de quoi s’y perdre pour l’amateur de jeux vidéo, déjà invité à manger du Sims, du Sonic ou du Mario à toutes les sauces (course, tennis, espionnage, et tant pis s’il n’y a que peu de rapports avec l’idée originale) ou à accueillir The Beatles : Rock Band comme LA nouveauté vidéoludique du moment quand il ne s’agit en fait que du troisième relookage (avec playlist adaptée) en moins d’un an et demi du même jeu de mimétisme musical avec accessoires en plastique.

On aurait cependant tort de juger d’emblée Dissidia : Final Fantasy coupable d’exploitation abusive d’un titre commercialement porteur car, si le département marketing de Square Enix a bien calculé son affaire, les auteurs du jeu se sont au moins autant creusé la tête. Et apportent des réponses finalement très convaincantes aux interrogations légitimes sur les liens entre Final Fantasy et la baston. Car, au fond, ce que propose Dissidia, c’est un autre point de vue sur le déroulement habituel des jeux de la série où, entre une virée en ville et l’exploration d’une grotte mystérieuse, le joueur enchaîne les combats organisés au tour par tour comme aux échecs. Cette fois, il prend donc la main pour asséner directement ses coups d’épée, s’enfuir ou esquiver alors que l’enrobage narratif (la recherche de cristaux, la lutte contre une menace surnaturelle) n’a rien de dépaysant. Surtout, l’action s’intègre dans une structure obéissant aux logiques classiques du RPG (Role Playing Game), ce qui enrichit sérieusement l’expérience. Les personnages (dont on gère l’équipement) accumulent les points d’expérience, passent au « niveau » supérieur, acquièrent des compétence, etc.

Le processus d’hybridation n’aboutit cependant que parce que les séquences même de combat se révèlent largement à la hauteur et, par ailleurs, non dénuées de personnalité. Souple et profond, le système de jeu pousse le joueur à tirer profit de l’architecture des arènes et, en particulier, de leur verticalité – ce qui n’est pas si courant dans le genre. Jusqu’à oublier que nous sommes dans un Final Fantasy ? Jamais, car le jeu nous plonge dans un tourbillon de signes, d’images, de sons, de gestes et de noms immédiatement familiers pour peu que l’on ait un minimum fréquenté la série. Dans un contexte inédit, c’est aussi à une cérémonie sentimentale, à un rituel de retrouvailles sans cesse recommencé que Dissidia convie les fans de Final Fantasy. Qui ne trouveront que davantage de raisons de chérir cette flamboyante embardée de la saga reine du RPG.

(Paru dans Les Inrockuptibles n°721, 22 septembre 2009)

Dissidia : Final Fantasy (Square Enix), sur PSP

Erwan Higuinen

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