Cave Story est une vieille connaissance. Phénomène du jeu indépendant, l’œuvre du Japonais Daisuke Amaya (alias Pixel) fait le bonheur des possesseurs de Mac et PC depuis déjà six ans. Son arrivée sur le service de téléchargement de la Wii dans une version revue et augmentée n’en tient pas moins de l’événement car, nourri de toute une culture vidéoludique nippone, Cave Story était fait pour se pratiquer sur console. Par son graphisme kawaii et sa musique guillerette au minimalisme enjôleur, le jeu semble surfer sur la vague un rien maniériste du jeu vidéo néo-rétro (Megaman 9 et 10, Dark Void Zero, 3D Dot Game Heroes).
Cave Story n’est cependant pas qu’un exercice de style, qu’une tentative (merveilleusement aboutie) de marier l’esthétique joviale des jeux de plateforme parus autour de l’année 1990 (Super Mario World, Megaman, Alex Kidd) à la logique aventurière (explorons, fouillons les niveaux en quête d’accessoires qui nous permettront d’aller toujours plus loin) du duo Metroid – Castlevania. Pour celui qui s’y adonne, il ne se résumera en effet pas à un pèlerinage nostalgique la larme à l’œil et/ou le sourire aux lèvres, imposant au contraire sa solide grammaire vidéoludique pour instaurer un sentiment d’urgence, de pur présent sans pour autant se départir de son côté pince-sans-rire – nous devrons titrer au clair une affaire d’enlèvement dans un univers SF foutraque et néanmoins bucolique peuplé de robots et de créatures manga aux longues oreilles. C’est une énigme changée en jardin extraordinaire, un théâtre luxuriant généreusement offert. L’industrie du jeu vidéo avide de nouvelles technologies aurait toutes les raisons d’en tirer des leçons.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°791, 26 janvier 2011)
Cave Story (Daisuke Amaya), sur PC, Mac, Wii et 3DS