Arrivant après (mais se situant scénaristiquement avant) l’épatante trilogie du studio américain Naughty Dog, Uncharted : Golden Abyss est la star du lancement de la Vita. Notre désormais vieil ami Nathan Drake, Indiana Jones du XXIe siècle mâtiné de Lara Croft mâle, y vit de nouvelles et pittoresques aventures entrecoupées d’énigmes, d’acrobaties et de fusillades follement dynamiques. Enfin, nouvelles, pas tant que ça. Des décors (mention spéciale à la jungle lumineuse qui nous change des blockbusters gris-bruns) au récit riche en rebondissements, l’expérience toujours aussi plaisante se teinte d’une nuance de déjà-vu. Mais si, dans son déroulement global, Golden Abyss joue la sécurité, ses auteurs n’ont pas manqué de prendre en compte les possibilités de la Vita, quitte à nous gratifier de certains ajouts de gameplay parce que la console le permettait plutôt que parce que le jeu le demandait vraiment.
Nous voilà ainsi invités à frotter l’écran pour nettoyer un artefact fraîchement déterré ou pour sortir vainqueur d’un combat au corps à corps. A utiliser le pavé tactile présent à l’arrière de la portable pour faire grimper notre personnage à la corde. A déplacer la console pour viser avant de tirer ou de prendre une photo. D’où le sentiment étrange d’un jeu qui voudrait occuper à la fois le territoire de la PS3, de la DS et de l’iPhone – ce qui est peut-être la véritable ambition esthético-commerciale de la Vita. L’impression est celle d’un work-in-progress vidéoludique dont les acheteurs tiendraient le rôle de public-test. Il y a là de bien belles idées, c’est incontestable. Mais elles n’étaient sans doute pas toutes pour le même jeu.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°847, 22 février 2012)
Uncharted : Golden Abyss (Bend Studio / Sony), sur Vita