GTA : Chinatown Wars

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On n’en a jamais fini avec GTA. Quelques semaines à peine après The Lost and Damned, le prolongement biker à télécharger de son faramineux épisode IV paru l’an dernier, l’ultra-populaire saga gangster s’offre une transformation imprévue. Grand Theft Auto, pensait-on, c’est avant tout la liberté, le sentiment de pouvoir parcourir à notre guise une ville entière, pleine de vie et riche en secrets qui n’attendent que nous. Comment une telle expérience, magnifiée par son passage en 3D de 2001, pourrait-elle être transposée sur une console de poche ? La PSP a bien eu droit à deux jeux très estimables dérivés de GTA, Liberty City Stories et Vice City Stories, mais quelque chose leur manquait, la performance technique peinant à masquer les limites d’une formule qui n’avait pas vraiment été repensée pour un support portable. Au vu de Chinatown Wars, la leçon a été retenue.

D’abord, les développeurs de Rockstar Leeds ont su établir des priorités. Plutôt que de tenter d’adapter la mise en scène des épisodes pour consoles de salon aux capacités plus limitées de la DS, ils optent pour une vue du dessus (et néanmoins en trois dimensions) de la ville assortie d’un style graphique moins réaliste, plus BD. Celui-ci se marie à ravir avec les dessins caractéristiques de la saga qui, sur le deuxième écran de la console, sont utilisés pour faire avancer l’histoire (dans l’ensemble moins « sérieuse » que celle de GTA IV) au moyen de scènes dialoguées entre deux phases interactives.
Cette représentation simplifiée de Liberty City (alias New York), passé un bref moment d’adaptation, se révèle un coup de génie. Justement grâce à ce parti pris qui « économise » les ressources de la machine, les créateurs du jeu ont pu recréer une ville extrêmement vaste et animée sur la petite console. Des lieux présents dans GTA IV, seul ceux inspirés du New Jersey ont disparu. Pour le reste, Liberty City n’a pas changé. Et Chinatown Wars est bien un GTA (avec ses missions que l’on effectue à son rythme, ses rues où l’on aime traîner…)

Mais la prise en compte des spécificités de la plateforme ne s’arrête pas là. Avec ses mini-épreuves tactiles toujours judicieusement amenées (désactiver l’alarme d’une voiture volée ou fabriquer des cocktails Molotov, entre autres joyeusetés délictueuses) et son intégration lumineuse des « gadgets » du personnage (GPS, e-mails…), Chinatown Wars est à ce jour l’un des trois ou quatre jeux exploitant de la manière la plus intelligente la portable aux deux écrans. La preuve : on n’y pense bientôt plus, préférant s’immerger, entre un deal de coke et une poursuite à tombeau ouvert, dans les luttes de pouvoir entre triades autour du quartier chinois. Et, peu à peu, se familiariser avec les rues, les parcs, la ville, jusqu’à s’y sentir presque chez soi. Aux jeux-périples, GTA a toujours opposé le jeu-séjour. Avis aux touristes numériques : la dernière destination en date de Rockstar voyages est l’une des plus piquantes à ce jour.

(Paru dans Les Inrockuptibles n°701, 5 mai 2009)

GTA : Chinatown Wars (Rockstar Games), sur DS, PSP, iOS et Android

Erwan Higuinen

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