En 1987, Final Fantasy, n’était qu’un simple jeu vidéo imaginé par le jeune Hironobu Sakaguchi, employé d’un éditeur aux abois du nom de Square. Vingt-deux ans plus tard, suites, remakes et épisodes dérivés se sont multipliés (et écoulés à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires) et le jeu de rôle a été décliné en films, mangas et séries télévisées. Aujourd’hui, Final Fantasy est à la fois une marque extrêmement porteuse pour la désormais prospère société Square Enix – née en 2003 de la fusion de Square et de son principal concurrent – et un réseau aussi tentaculaire qu’influent d’œuvres aux liens parfois distendus.
Si elle a d’emblée entretenu un rapport privilégié avec le monde de l’animation, ne serait-ce que par le rôle joué par l’illustre dessinateur Yoshitaka Amano, concepteur de ses personnages, la saga épique s’est aussi distinguée par ses prouesses en matière d’images de synthèse. Jusqu’au pharaonique Final Fantasy : Les Créatures de l’esprit (2001), long métrage de cinéma mis en scène par Sakaguchi dans le prolongement de ses innovations narratives dans le domaine vidéoludique. Mal aimé, ce naufragé du box-office est pourtant une méditation touchante sur la manière dont formes, rêves et mondes prennent vie, doublé d’un grand spectacle photoréaliste souvent troublant.
Les autres anime FF n’ont pas cette audace. Final Fantasy : Unlimited (2001), réalisé par Mahiro Maeda, n’est qu’une série gentillette en 25 épisodes truffée de clins d’œil au jeu. Nouveau long métrage en image de synthèse, Advent Children (de Tetsuya Nomura et Takeshi Nozue, 2005) s’attache quant à lui, comme l’OAV Last Order sorti la même année, à développer l’intrigue de Final Fantasy VII, rejouant (non sans grandiloquence) ses moments clés tout en éclairant quelques zones d’ombres. Techniquement irréprochable, le résultat peine à exister indépendamment du jeu. Mais n’en confirme pas moins la richesse de cette inépuisable fabrique de mythes populaires qu’est devenue Final Fantasy.
(Paru dans Manga Impact, Editions Phaidon, 2010)