Pour vous, le mariage idéal, est-ce avec un partenaire plus jeune ou plus vieux ? Voilà le type de question que nous pose Catherine alors que notre personnage en caleçon arborant des cornes de mouton vient de s’asseoir dans le confessionnal découvert en haut de la pyramide de cubes fraîchement escaladée. C’est un cauchemar, mais si notre antihéros tourmenté devait tomber, il mourrait pour de bon. Tout a commencé dans un bar, après quelques rhum-Coca. Au petit matin, il s’est réveillé aux côtés d’une Catherine délurée alors que sa relation avec la sage Katherine est à un tournant. Serait-il touché par la « malédiction des hommes infidèles » dont tout le monde parle ?
Conçue par les auteurs des Shin Megami Tensei, Catherine est un jeu aussi étrange que troublant, et d’une folle audace conceptuelle, en provenance du pays d’Haruki Murakami et d’Evangelion. Deux phases radicalement différentes alternent. Attablé au Stray Sheep avec quelques amis, on bavasse, on picole, on répond à ses SMS – le récit interactif progresse. Jusqu’au prochain retour angoissant dans ce monde allégorique de blocs que l’on gravit non sans peine, éventuellement sous la menace d’une paire de fesses géante pourvue d’une langue. Entre les deux, rien de commun a priori mais, peu à peu, des correspondances se font jour. La scission de l’action s’accompagne d’une circulation très fine du sens, que le mouvement de balancier du jeu amplifie. Si vous aviez des enfants, aimeriez-vous qu’ils vous ressemblent ? Qu’est-ce qui est préférable : une vie longue et ennuyeuse ou courte et bien remplie ? De nos réponses dépendra le sort de notre alter ego au terme de ce chemin de croix intimement éloquent.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°846, 15 février 2012)
Catherine (Atlus), sur PS3 et Xbox 360
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