Dans la branche des « héros » qui ne sont pas des bienfaiteurs de l’humanité (flics ripoux, mère de famille dealeuse d’herbe, prof trafiquant de méth…), difficile d’aller plus loin que Dexter dont le personnage éponyme est, en toute simplicité, un tueur en série. Qui canalise tant bien que mal ses pulsions en s’en prenant à d’autres meurtriers, mais quand même. Dans ses meilleures saisons (les premières), la série policière déviante fonctionne sur un mouvement de balancier subtil et pervers entre préoccupations ultra-concrètes et vertige moral, désirs de vie ordinaire (travail, famille, sorties) et goût du sang qui s’écoule, identification (un peu honteuse) et dégoût. Mais Dexter, c’est aussi une formidable galerie de personnages – mention spéciale à la sœur jouée par Jennifer Carpenter – et une lumière, des ambiances, une manière habile de réinstaller Miami sur la carte des séries.
(Paru dans Les Inrockuptibles, hors-série « 120 séries indispensables », mars 2014)
Dexter (2006-2013), série créée par James Manos Jr.