Pour un garçon

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Le cinéma s’est entiché des romans de Nick Hornby, si justes, si contemporains. Cela nous donna l’anglais Carton jaune (bof…), l’américain High Fidelity (ouais !), et désormais l’anglo-américain Pour un garçon, intriguant sur le papier car les producteurs du Journal de Bridget Jones (non !!!) ont fait appel aux réalisateurs du premier American Pie (youpi !). Sauf que non, ça ne va pas. Une seule scène porte la marque des frères Weitz : celle où le garçon à problèmes (mais pas plus que sa mère) est rejoint sur la scène du concert collégien par le célibataire cynique qui est le personnage principal du film. Travelling arrière cruel sur le gamin qui se ridiculise, arrivée du presque quadra juvénile qui le sauve, triomphe public, et retour de l’humiliation lorsque l’homme se laisse griser – la honte est une matière gluante qui se pose où les lapsus du comportement l’appellent.

Cette séquence tient de l’improvisation fructueuse à partir du roman. Le reste n’en est que la contraction molle, obtenue en limant tout ce qui n’entre pas dans la boîte Bridget Jones. Chez Nick Hornby, la culture pop anglaise (musique, foot, télé) est le carburant de la phrase. Ici, elle n’est qu’un poster qui nous fait de l’œil. Reste le roman, béquille qui, tant bien que mal, maintient le film debout. Et Hugh Grant qui, dans son rôle de toujours (anglais, célibataire, veule, charmant) mais forcé d’occuper tout l’espace-temps sans dévier de sa ligne de conduite, est ici prodigieux.

(Paru dans Les Cahiers du cinéma n°573, novembre 2002)

Pour un garçon (About a Boy, 2002) de Paul et Chris Weitz

Erwan Higuinen

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