Dr House

House

Près de deux ans après le clap de fin, que reste-t-il du docteur House ? Le sentiment qu’il n’aurait pas dû attendre la huitième saison pour tirer sa révérence, certes, mais aussi quelque chose de plus profond qui touche à la nature même du héros de série télé. Gregory House, on le sait, n’est pas vraiment quelqu’un de très sympathique, de très généreux, de très fréquentable. D’une saison à l’autre, la tentation de le civiliser et/ou de psychologiser son cas ont lutté pied à pied avec l’attrait de la misanthropie renfrognée et néanmoins stylée. Le médecin maître du diagnostic était aussi, comme plusieurs critiques l’ont montré, l’enquêteur virtuose, le Sherlock à stéthoscope d’un détective show transplanté en milieu hospitalier dont l’enjeu était toujours la recherche du coupable (virus, infection, maladie auto-immune…) grâce à un examen attentif de la scène de crime (alias le patient).

Mais House n’était pas que cela. Il était aussi, et peut-être surtout un drogué. A la Vicodine, bien sûr, dont il gobait ostensiblement les comprimés sans compter (et qu’il arrêta, repris, dont il fut désintoxiqué…), mais aussi à son travail, à son passé, à son ego. Good ou bad trip, descente aux enfers en solo ou défonce collective, tels sont les motifs-clés de la série sous influence. Rejoins-moi, partage ma douce addiction, et puis non, tu ne la mérites pas. Et puis si. En dernière analyse, la véritable drogue, c’était House, moins la série que le personnage lui-même, ce dandy dark qui la dépassa. Junkie de lui, de toi, de moi. Deux ans plus tard, on n’en sort pas.

(Paru dans Les Inrockuptibles, hors-série « 120 séries indispensables », mars 2014)

Dr House (2004-2012), série créée par David Shore

Erwan Higuinen

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