Shadows of the Damned

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Certaines annonces font plaisir. Celle d’une nouvelle collaboration entre l’excentrique Goichi Suda (No More Heroes) et Shinji Mikami, père de Resident Evil et, plus récemment, de Vanquish, en fait partie. La dernière fois que les deux compères avaient uni leurs efforts, cela nous avait donné Killer 7, soit l’un des jeux les plus forts des années 2000. Le duo s’étant vu donner carte blanche par le puissant éditeur américain Electronic Arts, on pouvait s’attendre à une super-production vidéoludique. C’était mal les connaître : les deux hommes ont visiblement surtout profité de l’occasion pour se faire plaisir.

Dès son générique de film d’épouvante façon Universal années 1930 ou relecture Hammer follement sixties, le ton est donné : Shadows of the Damned n’est pas un candidat bodybuildé aux premières places du box-office mais plutôt une sorte de jeu d’ambiance référentiel, d’exercice de style alternativement sadique (mais pour rire) et complice. Notre héros généreusement tatoué s’appelle Garcia Hotspur. Sa langue maternelle est l’espagnol – tiens, comme les villageois zombifiés du Resident Evil 4 de Mikami. Lancé à la poursuite de sa bien-aimée dans un enfer de série B tel un inconsolable Dante grindhouse, ledit Garcia découvrira que la fraise est le fruit préféré des démons, qu’il faut envoyer des « tirs de lumière » sur les têtes de mouton qui ornent les murs de cette improbable cité pour éloigner les ténèbres et que l’alcool (saké, tequila, absinthe : tout est permis) redonne de l’énergie.

Bienvenue à la fête foraine. Shadows of the Damned est une chanson fièrement pop dont les couplets rejouent quatre attractions légendaires. La galeries des monstres, rigolos ou sanguinolents, souvent les deux à la fois. Le stand de tir – visons la tête, les amis, c’est notre seul espoir. Et puis le train fantôme : tremblants mais le sourire aux lèvres, nous voilà sur les rails, avides de découvrir ce qui nous fera sursauter au prochain tournant. Le labyrinthe est la cerise sur ce bien beau gâteau. Le noir se fait, les créatures nous pourchassent : saurons nous retrouver le parcours souhaité ?

Sur bien des plans (la technique, la variété des dispositifs, le rapport au monde ludique), Shadows of the Damned pourrait sembler daté. Mais peut-être, plus profondément, est-il sans âge. Le grand cirque gore et burlesque est en ville ce soir. Qui osera l’ignorer ?

(Paru dans Les Inrockuptibles n°817, 27 juillet 2011)

Shadows of the Damned (Grasshopper Manufacture / Electronic Arts), sur PS3 et Xbox 360

Erwan Higuinen

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