Leiji Matsumoto

Albator

Dans l’épilogue de son très sombre manga Barbara (1974), le grand Osamu Tezuka fait apparaître l’un de ses collègues dessinateurs, invité à croiser sa troublante héroïne. Un mangaka qui fut brièvement son assistant au milieu des années 50 et avec qui l’admiration était réciproque. Un bon quart de siècle plus tard, le groupe électro français Daft Punk décide de produire un long métrage animé pour accompagner son album Discovery aux sonorités disco-pop empruntées aux années 80. Le même dessinateur concevra Interstella 5555 : The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem (2001), dans lequel s’épanouit son style graphique reconnaissable entre tous.

L’homme en question est une légende vivante du manga et de l’animation japonaise. Né Akira Matsumoto en 1938 et renommé Leiji (soit « guerrier zéro ») en 1965, il est l’auteur d’une œuvre considérable (Sexaroïd, L’Oiseau bleu, Gun Frontier…) d’où se détachent deux space operas tentaculaires, Yamato, le Cuirassier de l’espace et Albator – Galaxy Express 999. Amateur d’aventures et de machines volantes, Matsumoto se passionne aussi pour la Seconde Guerre mondiale où son père, officier dans l’armée de l’air, perdit la vie – certains de ses récits seront adaptés à l’écran sous le titre The Cockpit (1993).

Après avoir connu le succès comme mangaka, Leiji Matsumoto se lance dans l’animation en 1974, inspirant de très nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles de ses bandes dessinées. Un peu en retrait à partir du milieu des années 80, notamment pour des problèmes de droits sur ses créations, il est aujourd’hui plus actif que jamais, multipliant les projets et s’essayant, entre autres, à la diffusion de mangas par Internet. Sans oublier d’entretenir la flamme de ses créations les plus fameuses dont les univers sont en constante expansion. Le père de la longiligne reine Emeraldas et du ténébreux pirate de l’espace Albator (alias Harlock), figures éminemment romantiques, n’a certainement pas dit son dernier mot.

(Paru dans Manga Impact, Editions Phaidon, 2010)

Erwan Higuinen

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