Le début d’Un amour à New York est trop beau pour être vrai. John Cusack et Kate Beckinsale se rencontrent, et leur moment parfait l’est pour nous aussi, qui les rejoignons dans leur bulle où une douce neige tombe du ciel en musique. Puis vient la séparation. Par son goût des demi-teintes et des aveux partiels, par sa manière de faire des personnages les théoriciens dépassés de leur propre vie, Un amour à New York est heureusement plus proche de la série Once and Again (mais en plus toc) ou du récent Attraction animale de Tony Goldwyn (mais en moins mis en scène) que des essais piteux d’une Nora Ephron, qui s’abreuve pourtant aux mêmes sources (Elle et lui, The Shop Around the Corner).
Mais la comédie sentimentale de Peter Chelsom ne tient étrangement que par ce qui la fait vaciller : le souvenir de ces instants irréels. Souvent drôle lorsque interviennent les seconds rôles, plus flottant quand les amoureux se manquent d’un rien, le film ne pâtit aucunement de ses faiblesses : son principe est précisément que ce qui se produit sera toujours moins bien que ce que l’on (le spectateur, les personnages) espérait, mais avec juste ce qu’il faut pour que l’on continue d’y croire. Jouant joliment avec les fantômes de ce qu’il pourrait être, ainsi nous arrive Un amour…, à New York ou ailleurs.
(Paru dans Les Cahiers du cinéma n°565, février 2002)
Un amour à New York (Serendipity, 2001) de Peter Chelsom