Créée en 1996 par Bonny et Terry Turner (les futurs auteurs de That 70’s Show), 3e Planète après le soleil est centrée, comme beaucoup de sitcoms de la décennie précédente, sur la vie d’une famille. Mais celle-ci est particulière : les Solomon sont quatre extra-terrestres qui ont pris forme humaine afin d’étudier la vie sur terre et, plus précisément, en Amérique. Loin de la science-fiction, la sitcom repose sur un détournement du principe de Seinfeld, la magistrale série « à propos de rien » : là où les anti-héros ordinaires de cette dernière s’enivraient de discussions sur ce qu’ils connaissaient parfaitement – les plus infimes détails de leur vie quotidienne –, ceux de 3e Planète… sont placés dans un état chronique de découverte ébahie et d’incompétence face aux us et coutumes de la société américaine.
De ce principe richement exploité par des scénaristes qui retrouvent l’inventivité sans frein des gagmen du burlesque d’antan, 3e Planète… tire un élan cartoonesque et une pertinence satirique uniques. Qui doivent naturellement beaucoup aux contorsions et aux grimaces virtuoses de ses acteurs, le génial John Lithgow – familier des films de Brian De Palma – en tête, avec des mentions spéciales à French Stewart (le sublimement grotesque Harry) et à Wayne Knight, postier démoniaque de Seinfeld reconverti ici en flic pleutre et bedonnant, gagné comme tous les « terriens » par l’absurdité débridée de ces comiques venus d’ailleurs.
(Paru dans Les Cahiers du cinéma n°581, juillet-août 2003)