Le Petit Soldat

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Deuxième long métrage de Godard (dont Cinétoile, la chaîne ciné plutôt haut de gamme du bouquet TPS, a entrepris de diffuser les premiers films), Le Petit Soldat fut tourné en 1960 avant même la sortie d’A bout de souffle, mais dut attendre 1963 pour sortir en salles, interdit par la censure pour ses références à la guerre d’Algérie.

Comme l’indique le titre, le « héros » dépourvu d’idéal est un petit soldat, c’est-à-dire un enfant (de 26 ans) qui joue (à la guerre ou à l’espionnage avec ses codes, ses rencontres secrètes et ses poursuites en voiture dans les rues de Genève) mais qui, à un moment, ne veut plus jouer, ou alors à autre chose parce qu’il a rencontré une femme, Anna Karina, qu’il veut simplement la regarder s’asseoir ou allumer une cigarette – le film est aussi, comme la plupart des Godard de l’époque, un documentaire sur Anna Karina regardée par JLG – et la prendre en photo (« La photo, c’est la vérité et le cinéma, c’est 24 fois la vérité par seconde », la phrase est dans Le Petit Soldat).

Godard a mis beaucoup de choses dans ce film: la guerre d’Algérie, donc, mais aussi des écrivains présents à des titres divers (un nom, une citation, un livre pour chercher des réponses ou juste des mots) : Aragon, Cocteau, Malraux, Giraudoux, Bernanos… et puis des peintres (Van Gogh, Vélasquez..) ou Lénine et Mao (déjà) et la musique classique (encore et toujours).

Du Petit Soldat, on retient aussi la terrible scène de torture du héros, déserteur français réfugié en Suisse et passé à l’OAS, par des militants du FLN, scène qui se réfère ouvertement à celle de Rome, ville ouverte. Si ce n’est que, dans le film de Rossellini, l’engagement (contre les nazis) était clair, ce qui n’est plus le cas chez le petit soldat de Godard qui refuse de parler mais s’écrie : « Ça m’est égal de vous le dire (…) mais j’ai pas envie ». Cette confusion butée culminera dans son long monologue à Anna Karina, avant qu’il la perde comme on perd au jeu.

(Paru dans Libération du 11 octobre 1997)

Le Petit Soldat (1960) de Jean-Luc Godard.

Erwan Higuinen

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