Entre deux épisodes de prestige de sa saga reine Zelda, Nintendo a pris l’habitude d’en publier des déclinaisons inédites pour consoles portables. Comme les précédents Oracle of Seasons / Oracle of Ages, The Minish Cap a été sous-traité aux confrères de Capcom. Mais pas d’erreur : The Minish Cap est tout sauf un sous-Zelda. C’est un petit Zelda. Au charme fou.
Reprenant le système de jeu de l’ancêtre culte A Link to the Past (1992) pour le marier à l’esthétique cartoon de The Wind Waker (2002), The Minish Cap est on ne peut plus fidèle à l’esprit et à la lettre de la série aventurière. Comme de coutume, l’apprenti héros explorera un univers féerique en constante évolution, fera de folles rencontres, affrontera de terribles monstres, récupérera divers objets et talismans avant – si le joueur est à la hauteur – de vaincre le grand méchant du jour. De The Wind Waker, The Minish Cap reprend aussi la tendance au raccourcissement de la quête principale au profit d’une profusion de mini-épreuves inattendues, d’aventures accessoires et néanmoins essentielles qui renforcent l’impression de vie du monde offert.
Mais la grande idée du jeu, c’est de faire du rétrécissement même (un épisode annexe, une console de poche) un motif majeur. Le héros a désormais le pouvoir de devenir très petit. On revisite alors cet univers connu d’un tout autre point de vue, forçant des ouvertures minuscules, explorant l’invisible au risque de se noyer dans une flaque, de se faire massacrer par une coccinelle. L’espace même du jeu en sort renouvelé, enrichi, agrandi. Sur la console miniature, le souffle Zelda ne résonne qu’en sourdine. L’aventure, plus que jamais, est intime.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°470, 1er décembre 2004)
The Legend of Zelda : The Minish Cap (Capcom / Nintendo), sur GameBoy Advance