Certains réalisateurs ont d’abord été dessinateurs. D’autres ont débuté comme scénaristes ou multiplié les tâches au cœur même du processus d’animation. Avant de tourner son premier long métrage, Appleseed (2004), à 44 ans, Shinji Aramaki a quant à lui longtemps œuvré dans un domaine très spécialisé : le design de mechas. En un quart de siècle passé à peupler de robots géants et machines bioniques les œuvres d’autres créateurs, Aramaki en est même devenu l’un des spécialistes les plus recherchés.
Au fil des années, il a laissé sa patte sur Mobile Suit Gundam, Megazone 23 ou Bubblegum Crisis, contribué au retour d’Astro Boy, collaboré à Wolf’s Rain ou Fullmetal Alchemist et apporté son savoir-faire à des blockbusters vidéoludiques comme Castlevania : Curse of Darkness ou Sonic Unleashed. S’il ne semble nullement décidé à négliger cette branche de ses activités, c’est cependant avec son passage à la mise en scène pour le cinéma que le nom de Shinji Aramaki s’est propagé au-delà des cercles les plus connaisseurs.
Pour son coup d’essai, il s’est attaqué à un monument du manga : Appleseed, œuvre d’anticipation post-apocalyptique à la saveur cyberpunk créée dans les années 1980 par Masamune Shirow, l’auteur de Ghost in the Shell. Se distinguant par sa réalisation en images de synthèse auxquelles la technique du cel-shading confère un aspect évoquant le dessin animé traditionnel, le film a remporté un beau succès malgré une réception critique mitigée. Aramaki le reconnaîtra lui-même lors de la sortie de sa suite produite par John Woo et sous-titrée Ex Machina (2008) : pour ce premier Appleseed, son attention s’était moins portée sur les aspects humains du film que sur ses dimensions architecturales et graphiques, ce qu’il rectifiera en partie dans le second. Sans perdre ce qui lui tient lieu de signature : un art de la composition plastique particulièrement frappant.
(Paru dans Manga Impact, Editions Phaidon, 2010)