Jeune homme qui se rêve chanteur à succès, Pan quitte son village et sa femme enceinte pour cause de service militaire, déserte quelque temps après, attiré par un producteur qui lui promet monts et merveilles mais fera de lui son esclave, fuit et se retrouve assommé de travail dans une plantation, puis errant en ville, puis jeté en prison… Chacun de ses départs est un détournement du cours du film qui débouche sur un nouveau dispositif d’humiliation, toujours plus dur que le précédent.
Monrak Transistor marque la rencontre pour rire, finalement pas si étonnante, de Pop Stars et de la Justine de Sade, dans le cadre pour nous exotique d’un mélo musical thaï semi-parodique. Mais semi seulement, car la ligne directrice du récit demeure au premier degré, le réalisateur (dont c’est le troisième film) s’attachant à la fois à la préserver et à l’habiller d’enluminures colorées et de gags triviaux sans jamais craindre le supposé mauvais goût. Collection de scènes excessives qui sont autant d’attractions artisanales, Monrak Transistor est par nature inégal, alternant creux et bosses. Mais on aurait tort de s’en plaindre : de là découle directement l’ivresse légère que procure ce cinéma-fête foraine où tout est permis.
(Paru dans Les Cahiers du cinéma n°574, décembre 2002)
Monrak Transistor (2002) de Pen-ek Ratanaruang
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