Et hop, un fruit de plus ! Adorable créature chantante aux faux airs de Barbapapa, notre LocoRoco grossit un peu avant de repartir à l’aventure dans ses mondes colorés. Une ouverture semble trop étroite ? Notre ami rondouillard et mou ne s’en laisse pas compter et se divise en petits LocoRoco tout aussi joyeux pour poursuivre son chemin. Car il a une mission : repousser l’offensive des Moja tout en volant au secours des Mui Mui confrontés aux assauts des Bui Bui, lesquels attaquent en avion mais, bon esprit, nous font coucou au passage. On l’aura compris : l’affaire est des plus sérieuses.
Un an et demi après un premier volet à contre-courant des tendances sombres et/ou guerrières du jeu vidéo comme de son penchant pour la performance technique ostentatoire, l’effet de surprise est certes passé. D’autant que, s’il l’a enrichie (avec de nouveaux types d’interaction, des mini-jeux inédits…), Tsutomu Kouno n’a pas bouleversé la formule LocoRoco – l’épisode dérivé LocoRoco Cocoreccho, disponible en téléchargement sur PS3, était sans doute plus audacieux. Mais, pour qui ne craint pas l’overdose de sucreries et ne juge pas insultant de qualifier un jeu (ou un film, un disque) de gentil, le charme opère plus que jamais. Si l’on vient d’abord à LocoRoco 2 pour son caractère naïf et exubérant, pour son allure excentriquement enfantine (plutôt que bêtement infantile), c’est cependant par son gameplay qu’il nous retient, à l’instar de ses cousins antidépresseurs Katamari Damacy et De Blob. Ne pas s’y tromper : sous le déluge de formes bariolées et le défilé de personnages loufoques, il y a bien un jeu, lequel suit même avec application les canons du genre plateforme.
Comme chez Mario ou Sonic, on traverse ainsi un à un des niveaux très typés (une montagne enneigée, une île tropicale…) en évitant les pièges, attentif aux passages et trésors éventuellement cachés. Une fois achevé l’un des ces micro-voyages qui durent rarement plus d’un quart d’heure, l’envie est généralement forte de recommencer sans attendre, histoire de mener toutes ses bestioles à bon port, de trouver un Mui Mui qui nous aurait échappé, de mieux négocier un défi musical initialement manqué ou simplement pour le plaisir de la balade. Car, et c’est là que se rejoignent les styles graphique et ludique, avec son personnage malléable, glissant, chutant ou rebondissant à travers des lieux à la topographie heurtée, LocoRoco 2 s’offre comme espace d’expérimentation physique autant que comme zoo psychédélique à visiter. Ici, on ne dirige d’ailleurs pas le héros directement : au moyen des gâchettes droite et gauche de la PSP, on provoque ses déplacements en inclinant le monde, qui est notre véritable « personnage ». C’est à lui, dans toutes ses dimensions (graphique, matérielle, organique…) que le joueur s’attache sans tarder. Jusqu’à jurer de défendre bec et ongles ces pauvres Mui Mui si quiconque, inexplicablement, devait un jour les prendre à la légère.
(Paru dans Les Inrockuptibles n°685, 13 janvier 2009)
LocoRoco 2 (Sony), sur PSP
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