Créée par John Wells, producteur d’Urgences, New York 911 n’est pourtant pas, comme on l’imagina avant de la découvrir (et son titre français avec), une série dérivée de cette dernière. Si la caméra sort de l’hôpital afin de suivre pompiers et ambulanciers, elle quitte surtout Chicago pour arpenter New York, et ce déménagement fait toute la différence. A mi-chemin des séries médicales et policières, se penchant lors de chaque épisode sur un ou deux de ses personnages (qui sont donc alternativement principaux et secondaires), New York 911 est la grande série actuelle sur la ville de New York.
Une série patchwork, au ton changeant, au cœur de laquelle la caserne des pompiers est un avant-poste, un lieu de veille fébrile, mais aussi bien l’œil du cyclone, ses anti-héros presque ordinaires n’étant ni de froids professionnels ni des sauveteurs sans tache mais des individus moralement aussi accidentés que ceux qu’ils secourent. Plus encore que les autres séries américaines, New York 911 a dû faire avec le 11 septembre 2001. Ce fut magistral, les tours s’écroulant entre deux épisodes : celui du compte à rebours fatal (la vie juste avant la catastrophe) et, bouleversant, celui du deuil impossible.
(Paru dans Les Cahiers du cinéma n°581, juillet-août 2003)